Maroc : Une Femme De Ménage Et Son Complice Condamnés À 15 Ans De Prison Pour Avoir Volé Des Montres Au Roi Mohammed Vi
Soumaya Naamane Guessous voit, d'une part, dans ces violences récurrentes des raisons historiques: «Jusque dans les années 60, les femmes n'ont tout simplement pas le droit d'accéder à l'espace public. Du coup, d ans les mentalités, la femme dans la rue est une proie potentielle ou une bête à abattre. » D'autre part, le passage de 70% de ruraux en 1960 à 40% aujourd'hui s'est soldé par l'échec de leur insertion sociale. Un élément qui n'aurait pas aidé à enrayer des villes cette mentalité «rétrograde». Maroc : Prison à vie pour avoir brûlé sa femme qui s’opposait à une seconde épouse. Cela dit, les deux sociologues s'accordent pour désigner le responsable majeur de la multiplication des agressions contre les femmes dans les lieux publics: la frustration sexuelle des Marocains. «Des comportements prévisibles dans une société comme la nôtre» Une société où les relations sexuelles hors mariage sont «haram [interdites, ndlr]» et punies d'emprisonnement d'un mois à un an (selon l'article 490 du code pénal marocain) est forcément malsaine, explique l'auteure d' Au-delà de toute pudeur: la sexualité féminine au Maroc (1).
Prison De Femme Au Maroc De
Le président de la section d'Agadir de l'AMDH ajoute: "Aucun texte de la constitution ne définit des critères relatifs à la tenue vestimentaire des Marocains". Lina Bikiche, vlogueuse (blogueuse vidéo) marocaine installée en France, a posté un cliché d'elle-même, les aisselles non épilées, pour dénoncer le machisme derrière ce procès. "Au Maroc, si tu veux être une femme libre et indépendante, mieux vaut être un homme", affirme-t-elle sur sa photo, appelant les femmes marocaines à se solidariser et à se révolter et clamant que "porter une robe n'est pas un crime! " Du côté de la défense, l'avocat Ali Ammar, auquel la LDDF a confié l'affaire, est décidé à soutenir les deux jeunes accusées jusqu'au bout. Il sera épaulé par "plusieurs associations féministes qui veulent se constituer en partie civile pour tenir tête à ce jugement", a affirmé l'avocat. Pour lui, cette affaire est "extrêmement dangereuse". Au Maroc, une affaire d’adultère relance le débat sur sa dépénalisation. "L'Etat laisse de côté son rôle et permet aux extrémistes de décider à sa place". "Je crains que la sphère religieuse ne soit sujet de compétitivité entre les organisations islamistes et l'Etat", s'inquiète Ali Ammar qui pense que "le citoyen pourrait être à la merci de regroupements islamistes qui se donneraient le droit de juger sa tenue, ses opinions et son comportement" alors que cette liberté est garantie par la Constitution du pays.