L'homme pressé par Paul Morand | Paul morand, Un homme pressé, Homme

Paul Morand L Homme Pressé Extrait Streaming

Et si on ralentissait? » paru le 28/10/2013 dans le magazine Capital par Eve YSERN et l'extrait du roman L'Homme pressé écrit par Paul MORAND en 1941 aux éditions Gallimard, Nicole AUBERT évoque cette accélération dans le domaine de la vie privée. Cependant, seulement elle et la journaliste Eve YSERN ont affirmé l'existence de la vitesse dans le domaine du travail. Il existe une multitude de raisons à l'arrivée de ce rythme de vie effréné. L'essayiste Nicole AUBERT corrobore les causes données par Hartmut Rosa. Pour eux, la principale raison de l'accélération de la société est la société capitaliste. Elle ne permet aucune pause ni aucun repos. Les individus sont désormais obligés de vivre au rythme de l'économie avec la mise en place de l'obsolescence programmée par les entreprises et la recherche constante de rentabilité et de profits. De plus, Eve YSERN ajoute que les objets électroniques sont de plus en plus rapides. Les smartphones sont apparentés à des objets envahissant qui entraînent chez l'individu une forte sollicitation avec une surabondance d'informations.

Paul Morand, écrivain-diplomate et élégant globe-trotter, en 1928 © Getty / Ullstein Bild Né en 1888 et mort à l'âge de 88 ans, après presque soixante années d'écriture, Paul Morand fut ministre, diplomate, auteur dramatique, essayiste, poète et romancier. En 1913, Paul Morand entre dans une carrière diplomatique qui le mène aux quatre coins de la planète. En parallèle, il mène une carrière littéraire fertile puisque son œuvre compte une centaine de chroniques, de nouvelles, de romans mais aussi des essais sur un état des lieux de son temps. Un écrivain créateur de styles Marcel Proust, dans sa préface de «Tendres Stocks » de Paul Morand, paru en 1921 chez Gallimard: Il est certain que le style de Paul Morand est singulier… Même la beauté du style est le signe infaillible que la pensée s'élève, qu'elle a découvert et noué les rapports nécessaires entre des objets que leur contingence laissait séparés. Ami de Jean Cocteau et de Darius Milhaud, habitué des salons littéraires, Paul Morand incarne l'écrivain d'un monde changeant.

Paul Morand L Homme Pressé Extrait Youtube

Ouvert la nuit (1922) puis Fermé la nuit (1923), où Morand décrit les bouleversements de l'après-guerre, lui vaudront une renommée internationale. S'il fut poète ( Lampes à arc, 1919; Vingt-Cinq Poèmes sans oiseaux, 1924), tous ses récits sont au fond des relations de voyages ( New York, 1930; Papiers d'identité, 1931; Air indien, 1932) où les êtres apportent plus de déceptions que les paysages ( Rien que la terre, 1926; Hiver caraïbe, 1929). La vitesse ne rapproche pas les hommes, elle les projette les uns contre les autres, exacerbe les désirs ( Lewis et Irène, 1924). Dandy désabusé, Morand laisse errer un œil désinvolte sur les appétits humains et leurs masques ( Hécate et ses chiens, 1954; les Écarts amoureux, 1974): le seul vagabondage qui, en définitive, le satisfasse est le voyage dans le passé, le parcours des ombres mortes dans un espace où l'on traverse les strates d'époques révolues et que le nomadisme devenu promenade ressuscite ( Venises, 1971). Il connaîtra l'épreuve de l'exil en 1944, avant de revenir au premier plan en 1968, et retrouvera un public grâce aux « Hussards » Jacques Chardonne, Roger Nimier et Jacques Laurent.

L'égoïsme outrancier de la belle mère de Pierre Niox peut aisément s'appliquer à bien des gens en le nuançant à peine: "(... ) Jeunes et superbes, ces trois filles travaillaient et n'avaient pas trop de vingt-quatre heures pour bénir leur mère de les avoir élevées sans soins, sans religion, sans dot et presque sans y penser. Mais si l'une d'elle avait un malaise ou un chagrin, il lui suffisait d'entrer dans la chambre de Mamicha pour retrouver la paix et la santé. Comme une idole miraculeuse, Mamicha recevait tout, ne donnait rien, mais guérissait. (... )" La stupidité de l'oncle d'Edwige, la femme de Niox, reflète également bien des conversations de café du commerce où chacun se doit toujours d'avoir un avis sur tout: "(... ) A part cela, il était de l'immense troupeau des imbéciles qui, d'une voix coagulée, rendent leur journal après l'avoir mangé. )"

Paul Morand L Homme Pressé Extrait Casier Judiciaire

Écrit en moins de cinq mois -comme il se doit -, ce livre passa longtemps pour un autoportrait hyperbolique, hypothèse qu'accrédite la dédicace à Hélène Morand. Mais le « don fatal », la « malédiction » dont est affligé Pierre, apparaît avant tout comme le mal du siècle et Pierre Niox comme l'emblème de toute une génération, amplifiant ainsi l'allégorie esquissée dans le personnage de Lewis de Lewis et Irène (1924). Cependant, le jeune homme avide de vivre au plus vite devient cette fois le héros d'un conte philosophique étendu, s'inspirant de la tradition voltairienne. Si Pierre mentionne son admiration pour « les petites bombes portatives comme Candide ou comme Atala », il pourrait tout aussi bien être l'un des « Caractères » de La Bruyère. La volonté du moraliste affleure d'ailleurs souvent au cours de la narration: « Ce sera la moralité de cette histoire que de montrer l'impatient plus souvent puni que récompensé. » L'usage de l'hyperbole à des fins de démonstration accentue le côté comique d'un personnage qui ne prend d'épaisseur psychologique qu'à partir du moment où il se voit contraint de faire face à l'idée de sa propre mort, qu'il fuyait jusqu'alors désespérément.

Parce qu'il fut l'homme de tous les défauts (vichyste, xénophobe, antisémite, homophobe, mysogyne: voir son Journal inutile, 1968-1976, 2001), son parcours idéologique affaiblit la leçon de style et d'énergie qu'il dispense si généreusement par ailleurs, même s'il considérait la littérature comme son seul champ d'action.

July 31, 2024, 12:32 am